Se blesser en relevant un scooter constitue-t-il un accident de la circulation ?

Actualités juridiques Drouineau 1927

Se blesser en relevant un scooter constitue-t-il un accident de la circulation ?

Autres actualités

Annulation de la stratégie régionale de gestion intégrée du trait de côte Occitanie

La Cour administrative d’appel de Toulouse rappelle le rôle des stratégies régionales de gestion intégrée du trait de côte : un document d’orientation qui ne fixe pas de prescriptions règlementaires. En 2018, le préfet de la...

L’intégration de voies privées ouvertes à la circulation publique dans le domaine public routier

Le transfert des voies privées ouvertes à la circulation publique est expressément prévu par les dispositions du code de l’urbanisme, article L318 – 3. Ce texte dispose : « La propriété des voies privées ouvertes à la...

L’étude CEREMA

Projection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national – février 2024 Le CEREMA est un établissement public sous la tutelle du ministère de la transition écologique et la cohésion des territoires....

Érosion littorale : L’exemple du département de Charente-Maritime

Dans la gestion du trait de côte, et dans la gouvernance adaptée à cette situation, les collectivités ont leur place, avec toutefois une approche a priori minorée pour le département. Le département, en tant que...

L’érosion côtière : les cartes locales d’exposition au risque

Faire face au recul du trait de côte engage, nous le savons, un grand nombre de questions juridiques évidemment, mais d’abord et avant tout des enjeux humains et sociaux. L’érosion côtière, perte progressive de sédiments...

Recours en annulation contre les cartes d’aléas

Le Conseil d’État a tranché : les cartes d’aléas établies par l’État ou pour son compte sont des actes faisant grief, susceptibles de recours. Cette position est bienvenue lorsque l’on connaît les effets de ce type...

Recul du trait de côte et information des futurs acquéreurs

L’attractivité du littoral ne faiblit pas : entre 2013 et 2050, la population des communes littorales pourrait augmenter de 570 000 habitants et atteindre 8.7 millions en 2050[1]. Les prix du marché de l’immobilier se...

La Commune peut-elle venir en aide à un administré en cas de végétation abondante sur une propriété privée abandonnée voisine ?

Si en principe tout propriétaire est tenu d’entretenir ses terrains, il peut arriver que certains propriétaires soient moins diligents que d’autres. En ce cas, le voisin gêné et le Maire peuvent intervenir sous réserve de...

Bail emphytéotique et action en garantie décennale

Dans le cadre d’un bail emphytéotique, l’action en garantie décennale revient par défaut au preneur en cas de désordres affectant le bien. (Cour de Cassation, 3ème Chambre Civile, 11 juillet 2024 n°23-12.491) La 3ème Chambre...

Loi « Littoral » : nouvelle précision sur la notion d’agrandissement d’une construction existante

Le principe est désormais bien ancré : l’extension des constructions existantes n’est pas une extension de l’urbanisation au sens des dispositions de l’article L. 121-8 du code de l’urbanisme (CE, 3 avril 2020, req. n° 419139)....

En découvrir plus sur le cabinet Drouineau 1927

Toutes les actualités

Se blesser en relevant un scooter constitue-t-il un accident de la circulation ?

Cour de cassation, 2ème chambre civile, 24 octobre 2019, n°18-20910

Si les dispositions de la loi Badinter ont permis une facilitation notable du processus d’indemnisation amiable des victimes d’accident de la circulation, les tribunaux restent régulièrement saisis des difficultés tenant à l’appréciation de la notion même d’accident de la circulation.

C’est d’ailleurs à cette occasion que la Deuxième Chambre civile de la Cour de cassation a rendu son arrêt en date du 24 octobre 2019.

En l’espèce, les faits étaient les suivants :
Le 20 juin 2014, alors qu’il circulait en voiture sur la commune de Eze (06), Monsieur P. s’était arrêté pour relever le scooter qui se trouvait à terre sur la route, appartenant à Monsieur C.

Lors de la manipulation, Monsieur P. s’était toutefois blessé et avait glissé sur une flaque d’essence, lui causant une rupture de la portion distale du tendon du biceps droit.

Il avait alors saisi son assureur d’une demande d’indemnisation de ses préjudices sur le fondement de la loi Badinter, qui n’a toutefois pas aboutie.

Monsieur P. a donc par la suite assigné le propriétaire du scooter, Monsieur C., ainsi que son assureur, la société GAN ASSURANCES, à cette fin.

Aux termes de son arrêt du 7 juin 2018, la Cour d’appel d’Aix en Provence a débouté Monsieur P. de ses demandes et l’a condamné à rembourser à l’assureur la provision qu’il avait perçue.

L’argumentation retenue par la Juridiction était alors la suivante : le fait que Monsieur P. ait relevé le scooter était un acte volontaire de sa part, de sorte que ses blessures ne résultaient pas d’un évènement fortuit et imprévisible, qui seul aurait permis de retenir la qualification d’accident de la circulation et donc l’application des dispositions de la loi du 5 juillet 1985.

L’appréciation de la Cour de cassation est quant à elle toute autre.

Elle estime :
« Qu’est statant ainsi, alors qu’il résultait de ses constatations que la victime s’était blessée en relevant un véhicule terrestre à moteur et qu’elle avait ainsi été victime d’un accident de la circulation au sens de l’article premier de la loi du 5 juillet 1985, la cour d’appel a violé le texte susvisé par refus d’application ».

En conséquence, la blessure de la victime, qui trouve son origine dans un acte volontaire émanant de cette dernière, n’est pas pour autant de nature à exclure son droit à indemnisation au titre des dispositions de la loi Badinter.
Une telle solution s’inscrit dans la volonté d’accroître le champ d’application des dispositions de la loi Badinter, particulièrement marquante ces dernières années.
Elle trouve toutefois une limite : la faute inexcusable ou intentionnelle de la victime, qui exclue nécessairement son application.

Camille Chabouty
DROUINEAU 1927