L’adaptation au recul du trait de côte 

Actualités juridiques Drouineau 1927

L’adaptation au recul du trait de côte 

Autres actualités

Interdiction d’habiter : un risque grave n’est pas un risque imminent

Par arrêté du 24 octobre 2022, le préfet de la Corse-du-Sud, après avoir en vain mis en demeure le maire de Bonifacio de faire usage de ses pouvoirs de police, a ordonné l’évacuation avec interdiction d’habiter de...

Une occupation gratuite du domaine public pour toutes les associations 

Une occupation gratuite du domaine public pour toutes les associations : c’est possible depuis la loi n°2024-334 du 15 avril 2024 visant à soutenir l’engagement bénévole et à simplifier la vie associative Les associations constituent un socle...

Point sur la nature du contentieux des contestations d’attribution de conventions domaniales

Depuis l’ordonnance n°2017-562 du 19 avril 2017 relative à la propriété des personnes publiques, l’occupation ou l’utilisation du domaine public est soumise à une procédure particulière. Effectivement, l’article L. 2122-1-1 du code général de la...

Condamnation à la démolition d’une villa menacée par l’érosion

Par un jugement du 1er octobre 2024, le Tribunal Judiciaire de Bordeaux a condamné le propriétaire d’une villa au Cap Ferret à la démolir. En février 2017, un permis de construire a été délivré sur...

Bail commercial sur le domaine public irrégulièrement déclassé

Le bail commercial est aux yeux de nombreux professionnels du droit, ou des affaires, l’outil unique propre à permettre le développement d’un fonds de commerce. Sur des propriétés publiques, il ne peut cependant être conclu...

La tempête Kirk

Le recul du trait de côte les tempêtes événementielles : la tempête Kirk. La tempête Kirk qui balaie actuellement la France, concerne 30 départements dont une immense majorité de départements littoraux. Des pluies remarquables voire...

Que peut faire une commune des parcelles abandonnées sur sa commune ?

Des propriétaires absents depuis de longues années, de la végétation à perte de vue, des voisins se plaignant de l’état d’abandon des parcelles auprès de la commune… Quels sont les outils juridiques dont dispose la...

ZAN et recul du trait de côte

Pour concilier l’objectif ZAN et les politiques d’adaptation au recul du trait de côte, il est prévu une méthode de calcul particulière pour les communes inscrites au décret-liste. Comment allier l’adaptation au recul du trait...

Annulation de la stratégie régionale de gestion intégrée du trait de côte Occitanie

La Cour administrative d’appel de Toulouse rappelle le rôle des stratégies régionales de gestion intégrée du trait de côte : un document d’orientation qui ne fixe pas de prescriptions règlementaires. En 2018, le préfet de la...

L’intégration de voies privées ouvertes à la circulation publique dans le domaine public routier

Le transfert des voies privées ouvertes à la circulation publique est expressément prévu par les dispositions du code de l’urbanisme, article L318 – 3. Ce texte dispose : « La propriété des voies privées ouvertes à la...

En découvrir plus sur le cabinet Drouineau 1927

Droit du littoral

L’adaptation au recul du trait de côte 

Adaptation au recul du trait de côte : vers un modèle de financement d’ici la fin de l’année ?

Les politiques locales d’adaptation au recul du trait de côte sont confrontées à un défi majeur : celui du financement.

Selon le CEREMA, en 2050, 5200 logements et 1400 locaux d’activités seront touchés par le recul du trait de côte, représentant une valeur vénale de 1.2 milliards d’euros.[1]

Si certaines opérations ciblées peuvent être soutenues financièrement par l’Etat, notamment par le Fonds Vert, à travers différents moyens (AMI, PPA, stratégies locales…), la question de l’indemnisation des propriétés privés dont les biens sont menacés par l’érosion côtière est tout autre.

Les propriétaires de biens qui disparaissent ou disparaitront à la mer doivent-ils être indemnisés ? Dans l’affirmative, par qui, et selon quels supports juridiques ?

Le discours de l’Etat tend à exclure toute indemnisation.  

En effet, le recul du trait de côte n’est pas appréhendé par le droit sous l’angle des risques naturels majeurs ; il est regardé comme une problématique d’aménagement, qui doit être traitée localement, à travers la politique d’aménagement et d’urbanisme.

Au demeurant l’approche patrimoniale, pourtant essentielle, fait singulièrement défaut.

L’érosion côtière a été reconnue comme exclue de la liste des risques naturels majeurs, dont le régime permet l’expropriation et l’indemnisation des propriétaires, par le fonds Barnier. Le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel ont jugé que l’érosion côtière n’est pas assimilable aux risques de submersion marine ou de mouvements de terrain, qui sont expressément cités à l’article L561-1 du Code de l’environnement comme risques naturels majeurs (CE, 16 août 2018 n°398671 et Conseil Constitutionnel, QPC du 29 mars 2018 n°2018-698).

Selon les derniers travaux, il pourrait alors être question d’un mécanisme de « solidarité nationale » incitant les propriétaires à libérer leurs biens au profit des collectivités territoriales.

L’idée du dispositif est de « mobiliser des financements publics de l’Etat pour accompagner les propriétaires occupants de résidences principales dans la libération de leurs biens, sous conditions de ressources et selon la date d’acquisition. Ces dotations versées aux collectivités territoriales constituent une aide à la maîtrise foncière de la bande côtière menacée. »[2].

Cela permettrait d’éviter certaines situations fâcheuses dans lesquelles les propriétaires occupent jusqu’au dernier moment leur bien, en mettant en péril leur sécurité et la responsabilité des communes…

Selon les pistes soulevées dans le rapport IGEDD/IGA, le dispositif se présenterait comme suit :

  • Seuls les propriétaires de résidences principales sont concernés ;
  • Le montant du rachat dépend de 2 critères de modulation : le degré de connaissance du risque au moment de l’achat et les conditions de ressources ;
  • L’aide serait plafonnée à 70% de la valeur vénale de référence, dans la limite de 300 000€ 
  • La proposition ne sera faite qu’une seule fois au propriétaire, dans une logique de « à prendre ou à laisser » et l’accord entraînera la cession du bien entre le propriétaire et la collectivité.

Le Comité National du Trait de Côte (CNTC), présidé par la députée réélue Sophie Panonacle, planche sur cette question et devrait proposer d’ici peu un nouveau mécanisme de financement, qui doit figurer dans le projet de loi de finances de 2025.

La piste de la création d’un fonds dédié est soulevée, fonds qui pourrait être financé par les taxes sur l’éolien en mer ou encore par la taxe GEMAPI.  

La présentation des propositions du CNTC a été retardée par la dissolution de l’Assemblée Nationale.

Les élus sont toujours en attente et doivent répondre à l’inquiétude croissante des propriétaires concernés.

Sans attendre un soutien financier total de l’Etat sur la question, les collectivités peuvent trouver des solutions financières et pratiques en établissant une stratégie de gestion et de valorisation de leur patrimoine.

Les communes inscrites au « décret-liste » (dernière version du décret du 10 juin 2024 n°2024-531) pourront s’emparer des nouveaux outils mis à disposition, comme le nouveau droit de préemption ou le nouveau bail réel d’adaptation à l’érosion côtière (BRAEC).


[1]CEREMA, Rapport d’étude « Projection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national – Horizon 2050 et 2100, 2024).

[2] IGEDD, IGA, Rapport, Financement des conséquences du recul du trait de côte – Comment accompagner la transition des zones littorales menacées, novembre 2023, rendu public en mars 2024).

Julie Gervais de LAFOND